BANGLADESH - Du mieux pour les Tigres aux Sundarbans

Il y a encore quelques années, la situation des Tigres (sous-espèce dite "du Bengale" Panthera tigris tigris, en réalité répandue dans tout le sous-continent indien) était critique au Bangladesh, un pays où les lois de protection de la nature était peu appliquées (et le plus pauvre d'Asie du Sud, ce qui explique qu'elles n'étaient pas considérées comme prioritaires par les pouvoirs publics...).

La population des Tigres de la région des Sundarbans (delta du Gange) était ainsi passée de 440 en 2004 à seulement 106 en 2015, ce qui représentait une évolution nettement plus mauvaise qu'en Inde et dans quelques pays voisins comme le Népal et le Bhoutan (mais toutefois moins pire que dans les pays indochinois, d'où les grands félins ont pratiquement disparu dans le même laps de temps).

Les vents ont peut-être tourné, puisque les derniers comptages effectués aux Sundarbans indiquent une augmentation - fort bienvenue - des populations tigréennes, ceci grâce aux stratégies de conservation développées par les pouvoirs publics, ciblant à la fois la protection de l'habitat des Tigres, de leurs espèces-proies, la lutte contre le braconnage et les conflits entre humains et faune sauvage, en coopération avec les communautés locales. Dès 2018 les premiers signes de succès ont peut-être été détectés ("signaux faibles positifs") puisque le recensement mené cette année-là avait décompté 114 Tigres.

Les efforts de conservation s'intègrent dans la stratégie pan-asiatique de conservation des Tigres décidée en 2010 à Vladivostok, à laquelle 13 pays [représentant l'ensemble des nations où les Tigres sont officiellement présents] se sont ralliés.

Ils ont bénéficié non seulement aux Tigres mais aussi à tout l'écosystème des Sundarbans ; on retrouve ici la notion, maintes fois évoquées dans ce blog, "d'espèces-parapluies" (= espèces emblématiques dont la protection bénéficie à l'ensemble des autres espèces et à un écosystème entier).

Les populations des espèces-proies : Cerfs axis, Sangliers et Singes sont ainsi devenus plus nombreux dans les dernières années (inversement la population de Cerfs muntjacs a toutefois décliné). Chez les Cerfs axis (proie préférée des Tigres indiens, contribuant à 79% de leur régime alimentaire dans les Sundarbans) l'on est passé de 80.000 têtes dans les années 1980 à plus de 140.000 aujourd'hui ; chez les Sangliers (deuxième proie préférée, représentant 11% de l'alimentation des Tigres dans la région), les populations sont passées de 28.000 à 45.000 dans la même période.

Les Tigres semblent être présents dans une part significative de la région, ce qui laisse augurer d'un environnement favorable et d'une persistance des échanges génétiques.

La part de zones protégées dans les Sundarbans bangladaises a également augmenté, passant de 23% à 52% de la région en 2020 (ce qui représente aujourd'hui 6.017 km²).

Quant aux conflits entre Humains et Tigres, ils ont disparu puisqu'aucun accident n'a été reporté dans les cinq dernières années, et alors que la région était autrefois connue pour les multiples agressions de Tigres sur les bûcherons, pêcheurs, cueilleurs de miel et même comme un foyer de présence des Tigres mangeurs d'Homme...

Je ne manquerai pas de vous informer des futurs développements concernant la protection des Tigres au Bangladesh et ailleurs en Asie.

Source : https://news.mongabay.com/2023/09/sundarbans-tiger-and-prey-numbers-rise-amid-bangladesh-conservation-efforts/

Illustration : Tigre "du Bengale" dans la réserve de Nagzira dans l'Etat du Maharashtra (Inde centrale). Photo Grassjewel / Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0.