INDONESIE - Un havre de paix pour les Raies mantas

Bien qu'elles soient menacées d'extinction à l'échelle mondiale, les Raies mantas Mobula birostris se portent bien autour de l'archipel des Raja Ampat, en Indonésie.

Elles sont aujourd'hui classées "espèce vulnérable" à travers leur aire de répartition pourtant vaste (toutes les mers tropicales et subtropicales du monde), car leurs effectifs déclinent à cause de la pêche intentionnelle et accidentelle.

La réserve des Raja Ampat s'inscrit en opposition à cette tendance ; en effet les Raies mantas y sont efficacement protégées, et leurs populations augmentent, allant jusqu'à doubler (ou plus) en certains lieux dans les dix dernières années.

Ce succès a été rendu possible grâce à l'institution d'aires marines protégées (le premier sanctuaire de requins et raies à avoir été créé en Asie du Sud-Est!), de régulations des pêcheries, d'encadrement du tourisme (pourtant une source importante de revenus et une incitation à protéger les raies) et d'autonomisation des communautés indigènes. Les conditions climatiques des années récentes et notamment les épisodes El Niño (pour une fois...) ont également contribué à créer, en refroidissant les eaux de surface, des conditions favorables aux ressources alimentaires nécessaires à cette espèce de raie, conduisant à un meilleur succès de reproduction.

Situé à la pointe occidentale de la Papouasie (province d'Irian Jaya), l'archipel des Raja Ampat s'étend sur 6,7 millions d'hectares et comprend 1.500 îles de petite taille. Plusieurs aires marines protégées y ont été récemment créées. Parmi celles-ci, l'aire de Southeast Misool a vu la population de Raies mantas passer de 210 à 511 animaux, et celle de Dampier Strait a vu les effectifs de ces animaux augmenter de 226 à 317 animaux.

Les dénombrements de Raies mantas sont effectués par les scientifiques en identifiant chaque individu par les taches sur le dessous du corps (uniques pour chaque animal, comme les empreintes digitales humaines !).

La conservation des Raies mantas (comme celle de la plupart des espèces de requins et raies) est un travail de longue haleine, puisque leur rythme de reproduction est lent et que les mesures de protection ne portent leurs fruits que sur le long terme, contrairement à ces espèces à reproduction rapide comme les Thonidés (une Raie manta étant mature à 10 ans et ne produisant qu'un seul petit tous les 2 ans, alors qu'un Thon est mature à 2 ou 3 ans et lâche des millions d'oeufs à chaque ponte).

Le succès de la protection des Raies mantas aux Raja Ampat est non seulement notable par rapport à la protection de la grande faune marine en Asie du Sud-Est, mais aussi par rapport à la protection des requins et raies en général, démontrant qu'avec des mesures adaptées (et notamment la création d'aires marines convenablement protégées), les tendances au déclin observées en de nombreux autres lieux peuvent s'inverser.

La protection mise en place dans le secteur n'a pas seulement bénéficié à la Raie manta ou à un petit nombre d'espèces emblématiques, mais à l'ensemble de la faune marine, comme ce blog l'avait rapporté il y a quelques années à propos de la réserve de Misool dans ces mêmes Raja Ampat.

Source : https://www.conservation.org/blog/in-a-win-for-conservation-indonesian-manta-rays-thrive-despite-global-threats

Illustration : Raie manta et plongeur en Thaïlande. Photo Daniel SASSE / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0.