HAWAII (ETATS-UNIS) - Restauration écologique par les communautés indigènes, de la crête au récif

Les communautés indigènes hawaïennes redécouvrent le système traditionnel de gestion et de préservation des terres ahupua'a, qui consiste en une prise en compte holistique de l'environnement depuis le sommet des crêtes jusqu'aux récifs coralliens (cf. la formule "Du battant des lames au sommet des montagnes", jadis utilisée à l'île de la Réunion).

Le système repose sur une gestion de l'espace sous forme de bandes allant depuis la mer jusqu'au sommet des montagnes, et permet une prise en compte des interactions complexes entre l'environnement terrestre et marin (protection de la ressource en eau, lutte contre l'érosion et la dégradation des eaux marines...). Il fut un temps jugé obsolète et déconsidéré par l'administration américaine "moderne" qui gère l'archipel des Hawaii. Aujourd'hui de telles aires sont à nouveau maintenues sour le système ahupua'a en tant qu'aires de conservation indigènes et communautaires (ICCA), parfois elles-mêmes rassemblées en "gerbes". Les pratiques de chasse et de pêche destructrices sont également interdites dans le système ahupua'a, ainsi que les prélèvements excessifs.

Cette pratique de gestion de l'espace, empreinte des valeurs et de la spiritualité traditionnelles polynésiennes (notion d'Aloha kekahi i kekahi, qui peut se traduire par "respect mutuel"), est peu à peu reconnue par les autorités publiques et a déjà conduit à des succès en matière de conservation, comme une augmentation très forte (+ 310%) de la biomasse de Poissons-chirurgiens (résultats obtenus sur l'aire protégée de Kaʻūpūlehu entre son institution en 2016 et l'année 2022 ; cette aire a aussi vu sa couverture corallienne être restaurée) ou encore une augmentation de la population de Poissons-licornes ou Nasiques unicornes Naso unicornis et de Saupes ou Caligères Kyphosus sp. (résultats obtenus sur l'aire protégée communautaire de Hāʻena sur la période comprise entre son institution en 2015 et l'année 2021). Il est à noter que ces poissons tropicaux ne sont pas seulement beaux, mais qu'ils contribuent aussi au régime alimentaire des habitants des îles.

La réserve communautaire de Hāʻena ainsi que celle de Mo'omomi sur l'île de Molokai ont reçu en 2019 des prix de l'ONU en tant que solutions innovantes en matière de protection de la nature et de lutte contre le changement climatique.

Source : https://news.mongabay.com/2023/05/hawaiian-communities-restore-indigenous-conservation-from-mountains-to-sea/

Illustration : Nasique unicorne ou Poisson-licorne, au Zooparc de Beauval. Photo Alexis VERNIER, le 20/08/2020.