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Le blog de la refaunation
19 septembre 2023

CANADA - Une nouvelle aire protégée dans l'Arctique, c'est inuit !

Salmo_trutta_Trout_Aquarium_Atlanterhavsparken_Norway

Après les eaux chaudes de la Floride, je vous emmène à l'autre bout du continent nord-américain pour une autre belle histoire de protection de la nature.

Il y a quelques jours à peine, j'avais parlé d'un regain d'intérêt pour confier la protection des espaces naturels aux communautés amérindiennes (Premières Nations) au Canada, à rebours de la logique "colonialiste" qui avait prévalu durant des décennies.

Voici un cas remarquable qui vient illustrer cette tendance : la création d'une aire de conservation "indigène" en cours dans l'Arctique, à Nunatsaviut, une zone terrestre et maritime située aux limites du Labrador et de Terre-Neuve, à l'extrémité Nord-Est du continent américain.

Cette zone grande comme l'Irlande mais très peu peuplée par les humains (à peine 3.000 habitants répartis dans une poignée de villages) et riche en biodiversité (par exemple elle compte pas moins de 21 espèces de cétacés dont les célèbres Bélougas ou "Baleines blanches", des Ours polaires, des Phoques, des Salmonidés, sans compter toutes les espèces de plancton) voit le climat se réchauffer rapidement depuis le milieu du siècle dernier au moins. La protection de cette zone passe par une coopération entre le gouvernement canadien et les communautés amérindiennes.

L'intérêt de confier la protection aux Inuits est tout d'abord qu'ils peuvent poursuivre leurs pratiques de vie traditionnelles comme la pêche ou la chasse (nécessaires dans une zone où l'économie est encore basée sur la subsistance), ce qui leur était interdit dans les aires protégées classiques. Capables de gérer et administrer cette aire par eux-mêmes en appliquant une éthique de la conservation, ils jouent aussi un rôle de garants contre les projets industriels et miniers.

Les savoirs traditionnels complètent même la science "occidentale" à laquelle ils semblaient s'opposer. C'est le cas pour la biologie de la conservation : par exemple les connaissances millénaires des Inuit sur la migration des animaux aident à la compréhension "scientifique" du phénomène ; il en est de même pour l'observation des changements environnementaux consécutifs au réchauffement des eaux. A plus forte raison dans une région peu explorée par les biologistes.

Ces observations semblent confirmer le constat, relaté plusieurs fois sur ce blog, selon lequel les aires de conservation indigènes sont plus riches en faune que les autres espaces protégés et, a fortiori, les espaces sans protection.

On peut dire que le rôle des communautés traditionnelles est indispensable à la préservation des écosystèmes arctiques (comme cela peut se voir sur d'autres parties de la planète, de l'Amazonie aux îles du Pacifique) et à l'accomplissement des objectifs de conservation globaux fixés dans les traités inter-étatiques.

Cette évolution s'est aussi accompagnée d'une autonomisation plus globale des communautés inuit, à l'oeuvre depuis une vingtaine d'années.

Je ne manquerai pas de vous informer sur les avancées intervenues dans la conservation de cette aire, durant les années à venir.

Source : https://www.theguardian.com/environment/2023/aug/27/arctic-horizon-inuit-first-protected-zone-nunatsiavut-canada-photo-essay

Illustration : le Saumon atlantique Salmo salar, un habitant typique des eaux arctiques et tempérées froides. Photo Hans-Petter Fjeld / Creative Commons Attribution-Share Alike 2.5.

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