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Le blog de la refaunation
7 juin 2023

COLOMBIE - Le Caïman noir, animal sacré et protégé

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Le Caïman noir (Melanosuchus niger) se refait une place au soleil de l'Amazonie colombienne !

Après avoir été chassé commercialement pour sa peau pendant des décennies au point d'avoir été amené au bord de l'extinction, il revient dans les rivières du pays grâce à son statut d'animal sacré chez les communautés indigènes. Certaines ethnies considèrent en effet ce reptile comme une sorte d'ancêtre primordial et le gardien des eaux et des poissons (ce statut, qui se rencontre aussi chez les peuples d'Afrique de l'Ouest, les Afro-descendants du Pakistan et jadis les Egyptiens des temps pharaoniques, n'est pas absurde d'un point de vue écologique puisque cet animal dépendant de l'eau régule les populations de poissons). En Colombie, c'est le cas chez les Amérindiens Borikada et Curare à tout le moins.

Dans la réserve de Curare-los Ingleses, plus précisément dans le secteur des lacs de Puerto Caimán (le port des caïmans, qui porte bien son nom), un recensement effectué en 2022 - le premier du genre dans la région - a révélé la présence de 123 animaux de tous âges (ce qui signifie qu'ils se reproduisent et que les jeunes atteignent l'âge adulte sans subir de prédation excessive) et de toutes tailles (depuis des nouveaux-nés de 23 cm jusqu'à des adultes arrivés au stade de croissance maximale à 5,7 m).

Fait étonnant, les opérations de recensement réalisées selon des protocoles scientifiques modernes, se sont faites en s'assurant au préalable du soutien des anciens des tribus, considérés dans les croyances locales comme "spirituellement reliés" aux caïmans.

Le Caïman noir est présent à travers le Bassin Amazonien (Guyane française incluse) et, en territoire colombien, dans les provinces du Sud-Est du pays. C'est un super-prédateur dans la chaîne alimentaire locale. Bien que ses effectifs aient été considérablement réduits en raison de la chasse historique qui s'est poursuivie jusqu'au début des années 1980 - et parfois au grand dam des populations amérindiennes qui le vénéraient -, il n'est plus classé comme une espèce menacée à l'échelle globale depuis 2000 mais reste toutefois noté comme "dépendant de mesures de conservation" (conservation dependent) par l'IUCN.

Des aires protégées et des programmes de conservation, reposant parfois comme ici sur le soutien des communautés indigènes - qui surveillent les activités humaines dans l'habitat des caïmans et enseignent aux jeunes l'importance de la protection de la faune -, ont depuis été mis en place à travers l'Amérique du Sud amazonienne.

La protection accordée aux Caïmans bénéficie à d'autres espèces terrestres et aquatiques (on parle ici d'espèce parapluie) comme l'Arowana argenté (Osteoglossum bicirrhosum), poisson naguère victime de la surpêche dans la région.

Les communautés amérindiennes s'engagent aussi dans la protection active d'autres espèces telles que l'Arapaïma (Arapaima gigas) et la Tortue arrau (Podocnemis expansa), toutes deux représentatives de la grande faune amazonienne. Elles participent enfin à des suivis portant cette fois sur la faune terrestre qui est particulièrement riche : des Jaguars, des Tapirs, des Tamanoirs et des espèces encore plus méconnues comme le Renard à petites oreilles (Atelocynus microtis, présent un peu partout en vallée de l'Amazone mais classé "quasi-menacé" et en réalité très peu connu des scientifiques) arpentent les forêts de la région.

Source : https://news.mongabay.com/2023/05/in-the-colombian-amazon-indigenous-communities-protect-the-sacred-black-caiman/

Illustration : Caïman noir au Zoo de Macouria (Guyane française). Photo Bertrand DUPONT / Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0.

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